La méthode de reconstruction consiste à extrapoler le champ magnétique mesuré au niveau de la photosphère dans la couronne. Nous considérons qu'à un instant donné la structure est en équilibre magnétostatique dans la couronne. Plusieurs hypothèses peuvent être développées :
Nous avons principalement étudié le modèle de champ sans-force non linéaire à
l'aide des codes numériques développés par ama97. Dans un premier
temps, nous avons analysé les magnétogrammes vectoriels fournis par IVM et
HSP (Mees Solar Observatory, Hawaï) pour en déduire la distribution de la
composante verticale du champ magnétique ainsi que les distributions de la
densité de courant verticale et du paramètre au niveau
photosphérique. Cette étude révèle la présence de fortes valeurs
négatives et positives du paramètre
dans une même polarité caractérisant l'existence
de courants de retour. L'obtention de ces distributions nécessite de fixer
des valeurs limites des composantes du champ magnétique : 50 G pour la
composante longitudinale, 200 G pour les composantes transverses. Nous avons
appliqué le
cas du champ sans-force non linéaire à la région active 8151 observée
en Février 1998. Les lignes de champ obtenues par la reconstruction mettent en
valeur le cisaillement et la torsion des tubes de flux associés à
l'existence de courants électriques non uniformes dans la configuration
magnétique. En particulier, nous avons fait ressortir trois tubes de flux
(fortement, faiblement, ou pas torsadé) qui sont en excellent accord avec
les observations coronales obtenues par EIT/SOHO et SXT/Yohkoh. L'énergie
magnétique
et l'hélicité magnétique relative de la
configuration magnétique
peuvent aussi être calculées :
Les trois hypothèses d'équilibre magnétostatique sont comparées. La
valeur de est fixée en considérant l'hypothèse de Taylor. Il est
important de noter les différences topologiques et géométriques entre les
trois modèles. Plus le courant électrique injecté dans la configuration
magnétique est élevé, plus l'altitude des tubes de flux diminue et moins
les tubes de flux sont larges.
Les limites imposées aux composantes du champ magnétique ne permettent pas d'obtenir directement la configuration magnétique du filament par cette méthode. Par contre, les filaments sont généralement supportés par des lignes de champ présentant des creux magnétiques caractérisant les lieux où de la matière froide et dense peut se maintenir en équilibre. La recherche de tels creux magnétiques, nous permet de déduire que la matière composant le filament est supportée par le champ magnétique d'un long tube de flux torsadé. L'altitude de cette structure est estimée à 30 Mm.