Afin de préciser les fréquences caractéristiques des modes d'oscillations, nous allons résoudre les équations de dispersion à partir des paramètres géométriques décrivant la région active 8725 ainsi que des paramètres typiques des filaments-protubérances.
Les paramètres géométriques sont déduits des observations :
Les paramètres typiques du filament et du milieu coronal sont la
température (
,
), la densité du
filament
(e.g. sch85). D'après
l'équation V.2, on a donc une densité
du milieu
extérieur de
. Nous donnons aussi un ordre de grandeur du
module du champ magnétique,
, et de l'angle entre l'axe principal
du filament et le champ magnétique,
, en accord avec les
mesures effectuées par ler84.
L'ensemble des périodes obtenues en résolvant les six équations de dispersion est résumé dans le tableau V.3. Nous nous sommes limités aux périodes supérieures à 3 min. On remarquera que la période primaire du mode lent "kink" est supérieure à 5 heures avec ce jeu de paramètres, et par conséquent on peut déjà conclure que ce mode sera difficilement observable (la durée des observations devrait être de l'ordre de 15 heures). On peut aussi noter le nombre important de périodes secondaires pour les modes lents (en particulier entre 3 et 10 min) au contraire des modes d'Alfvén et des modes rapides.
Nous prolongeons cette étude paramétrique en faisant varier les paramètres les
plus sensibles : l'angle , le module du champ magnétique B ou la
densité du filament
.
La variation de la fréquence primaire des
modes en fonction de l'angle est représentée sur le graphique
V.9 (en haut à gauche) pour
et
. Les modes rapides (
) ne sont pas sensibles aux
variations de l'angle
. Pour des angles très petits, on se situe dans
le cas particulier du champ magnétique purement longitudinal
(joa92a) avec une direction de propagation perpendiculaire au champ
magnétique. Dans ce cas, seuls les modes rapides sont dominants : les modes
lents et d'Alfvén ont des fréquences très petites (des périodes très
grandes,
10 heures). Pour B et
fixés, la fréquence du mode
d'Alfvén impair et celle du mode rapide "kink" sont identiques pour un angle
donné par la relation suivante :
![]() |
En particulier pour notre jeu de paramètres, l'intersection des deux modes est
pour un angle de
9
30'. Pour ce qui est des angles
élevés (
), nous nous situons dans le
cas particulier du champ magnétique purement transverse (joa92b)
avec un sens de propagation parallèle au champ magnétique. Les modes
d'Alfvén pairs (resp. impairs) et magnétoacoustiques rapides "kink" (resp.
"sausage") convergent vers la même fréquence : les modes ont la même
vitesse de propagation
et se distinguent par une polarisation
différente. La vitesse caractéristique des modes lents est alors
.
![]() |
|
La variation de la fréquence des modes primaires en fonction du module du
champ magnétique (Fig. V.9 en haut à droite) indique que les
modes magnétoacoustiques lents sont constants. Pour de faibles valeurs du champ
magnétique, seuls les modes magnétoacoustiques lents (ou plutôt acoustiques)
existent dans le milieu considéré. Alors que pour les valeurs élevées du
champ magnétique, la fréquence primaire de chaque mode augmente. On remarquera
que le mode d'Alfvén pair et le mode lent "sausage" s'intersectent pour une
valeur du champ magnétique définie par :
Le graphique V.9 en bas à gauche représente la variation de la fréquence primaire des modes en fonction de la densité du filament. Pour les modes d'Alfvén et les modes magnétoacoustiques rapides, plus la structure est massive, plus la fréquence diminue (la période est alors plus grande). Les modes magnétoacoustiques lents ne sont pas sensibles aux variations de densité. Le point d'intersection entre le mode d'Alfvén pair et le mode lent "sausage" est donné par la même relation que pour le graphique précédent (Fig. V.9 en haut à droite) et est défini par l'équation V.13.
Pour chaque graphique, la distance logarithmique entre les fréquences
primaires de deux modes associés
(les modes d'Alfvén pair et impair, ...) pour un même ensemble de
paramètres est constante. Par conséquent, nous retrouvons la condition
imposée par l'équation V.6. Pour un angle appartenant à
l'intervalle [
, 90
], nous pouvons classer les fréquences
primaires des modes par ordre croissant : pour
,
Cette étude paramétrique nous permet de définir une méthode d'identification des fréquences observées aux fréquences des modes d'Alfvén et des modes magnétoacoustiques obtenues pour le modèle de joa93 :